#Coworking #FabLab #Hackerspace #InnovationLab… Késako ?!

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by Julie Fabbri, Professeur assistant en stratégie et management de l’innovation à emlyon business school et Chercheur associé au Centre de recherche en gestion de l’Ecole polytechnique (i3-CRG)

Les sciences de gestion se penchent sur les phénomènes liés aux espaces collaboratifs de travail, en envisageant la transformation des modèles organisationnels existants. Mais comment ces nouveaux lieux doivent-ils s’entendre ?

Le nombre d’espaces collaboratifs ne cesse d’augmenter, dans les grandes villes comme dans les zones rurales, sans épargner aucun secteur d’activité (défense, luxe, banque…). Près de 10 000 espaces de coworking ont été créés en 10 ans sur les cinq continents (Deskmag). Le réseau des fab labs comprend près de 1 000 recensements dans le monde (MIT). En juillet 2015, 67 % des 200 entreprises interrogées par CSA et Aktan avaient lancé ou envisageaient de lancer un espace d’innovation dans les 2 ans. D’aucuns se demandent s’il n’y a pas aujourd’hui trop d’espaces collaboratifs…

Qu’entend-on par espaces de travail collaboratifs ?

Nous distinguons les espaces de travail multi-entreprises (espace de coworking, learning hub, incubateur de startups…), des ateliers de fabrication (fab lab, maker space, TechShop, hacker space, digital lab…), des laboratoires de recherche et d’innovation (centres R&D, innovation hub, open lab…), des espaces d’expérimentation publique (living lab, quartier numérique…). Ils ont en commun de mutualiser des mètres carrés, ressources et services (machines, wifi, événements…), selon un objectif plus ou moins explicite de stimuler de nouvelles manières d’entreprendre et d’innover.

Les acteurs à la tête de ces initiatives se diversifient : acteurs privés (entrepreneurs ou grandes entreprises), publics (villes, universités) ou semi-publics (pôles de compétitivité). Et les activités de ces espaces se démultiplient et s’hybrident (restauration, formation, conseil, crèche/école…), témoignant notamment de leur difficulté à trouver un modèle économique pérenne.

Les espaces de travail collaboratifs sont-ils nouveaux ?

Les médias et acteurs des mouvements coworking, maker et hacker tendent à présenter les espaces associés comme nouveaux, en mettant l’accent sur les ruptures prônées par leurs mouvements (ouverture, collaboration…). Dans les entreprises établies, les espaces d’innovation sont souvent prétextes ou vecteurs de diffusion de « nouvelles » méthodes comme le lean management, le design thinking, les méthodes agiles, etc.

Or, des similarités existent avec des phénomènes observés dans le passé concernant des espaces de travail atypiques. Les espaces collaboratifs partagent de nombreux points communs avec les télécentres, les incubateurs, les communautés open source, les bistrots, les cafés littéraires, les ateliers d’artistes… Ils ne sont donc pas radicalement nouveaux puisqu’ils puisent leur inspiration dans des modèles préexistants. En revanche, l’ampleur et l’internationalisation du phénomène est, elle, inédite dans le monde des organisations.

Les espaces de travail collaboratifs sont-ils différents ?

Pour certains, les espaces collaboratifs préfigurent une révolution des relations au travail et à l’espace de travail. La question est aujourd’hui de savoir quelles sont les caractéristiques spécifiques de ces espaces pouvant justifier un tel pouvoir de transformation. Des chercheurs en sciences sociales du réseau RGCS, qui a tenu sa 1ère conférence internationale à Paris le 16 décembre, tentent de déterminer quelles sont les propriétés physiques et sociales de ces espaces pouvant favoriser des dynamiques collaboratives.

L’une des propositions du livre blanc RGCS consiste à distinguer les espaces qui attirent principalement pour des raisons de localisation (ex : proximité du domicile), de ceux qui offrent un accès privilégié à un écosystème particulier (local-based vs knowledge-based communities). Cette distinction permet de dépasser la question des multiples appellations regroupées sous le terme espaces collaboratifs. Elle éclaire sur la différence entre travailler une heure dans un café-coworking où l’on s’installe en fonction de la disponibilité, et travailler plusieurs mois dans un espace de coworking spécialisé une fois sa candidature acceptée.


Cet article a précédemment été publié sur le site de la revue Les Echos, le 26 décembre 2016.

Pour approfondir…

  • Bohas, A. et. al. (2016). Coworkers, makers and hackers in the city: Reinventing policies, corporate strategies and citizenship? [RGCS White Paper]. Research Group Collaborative Spaces, 48 p.
    Lire le livre blanc RGCS en ligne

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