Coworking, immobilier et services partagés : un nouveau levier pour les politiques de la ville ?

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La crise a fait son œuvre. Dans de nombreuses capitales occidentales, l’immobilier de bureau traverse une (relative) période de crise. Les immeubles de bureaux se louent ou se vendent moins bien. Surtout, les marges des grands constructeurs ou opérateurs de l’immobilier s’érodent de plus en plus.

Comme en témoigne la stratégie actuelle de Bouygues Immobilier* ou de Nexity (avec Blue Office), le développement de services partagés semble alors incarner un certain renouveau. On met en place le partage de véhicules pour un même immeuble ou bloc immobilier. On partage même parfois à plusieurs sa place de parking. Le constructeur devient alors autant un assembleur d’éléments immobilier et mobilier que de services (externalisés la plupart du temps vers de jeunes pousses). Les entités externes qui aident à faire la création de valeur sont autant des sociétés de service installées que de jeunes entreprises dynamiques… A nouveau, les Cathédrales montrent leur capacité à récupérer les innovations externes (même si certaines sont originellement issues de contre-cultures).

Le coworking ne fait pas exception au développement de ces nouveaux services. Plutôt que de louer des bureaux qui ressembleront au mieux à un centre d’affaire, les grands acteurs de l’immobilier proposent de plus plus de sympathiques espaces de coworking. Ces espaces de travail sont nichés au cœur de la cité, mais également à sa périphérie. Les télétravailleurs, les travailleurs arrêtés (par une grève, une contrainte personnelle…), les travailleurs dépêchés ou « excubés » peuvent alors se rendre dans un espace de travail qui respecte l’essentiel des codes habituels des affaires.

En effet, cette offre ne se positionne pas seulement géographiquement et spatialement (elle est plus souvent en étages) par rapport aux tiers-lieux traditionnels. Elle permet de développer une offre pour un coworking plus transitionnel (tant par sa durée que par la logique de son déplacement physique). Le lieu adopte des codes esthétiques plus assagis que certains espaces de coworking. La logique de mouvement social est rarement présente à l’esprit des gestionnaires du lieu. Pour Paris, il s’agit pour les résidents comme leurs invités de ne pas non plus trop trancher avec l’environnement des clients ou des partenaires (loin parfois de celui de l’écosystème des Startup du 18ème, du 19ème du Sentier ou des quartiers les plus dynamiques de la capitale française). Pour Londres, la tendance est largement similaire avec cependant un large temps d’avance dans l’installation des acteurs de l’immobilier au centre (est, sud-est) et dans la périphérie de Londres.

Et la logique de la communauté dans tout cela ? De l’entre-aide ? De la co-production ? Difficile d’imaginer qu’elle sera pleinement tenue dans des espaces faits pour le « passage », des environnements plus proches de centres de télétravail voire de centres d’affaires (même si tous s’en défendent) que des tiers-lieux. Cependant, je pense qu’il ne faut pas sous-estimer le potentiel de ces espaces, surtout relativement à des logiques de périphérie ou encore, de synergie. Par rapport à des projets de coworking ambitieux portés par des acteurs immobiliers, ces tiers-lieux pourraient être connectés aux autres étages, aux autres immeubles (dans le projet lui-même). Il pourrait être un lieu de rencontre des acteurs disséminés dans un nouvel ensemble immobilier. Un lieu ouvert sur la ville et ses acteurs qui viendraient visiter, rencontrer, avant parfois d’adopter ce sas et les activités économiques qu’il contient. La frontière traditionnelle entre l’immobilier d’entreprise et l’immobilier tourné vers les particuliers s’estomperaient, sans pour autant ouvrir la voie (je l’espère) au coliving (cf. le post RGCS sur ce thème).

Tiens… au fur et à mesure de l’écriture de ce post, j’ai l’impression de parler d’un projet socialement responsable, un projet immobilier solidaire, dont le service partagé vendu par les constructeurs pourrait également être le levier. Sur cet aspect comme sur d’autres (cf. post RGCS sur Robin Hood), je pense que plus que jamais, l’économie et les acteurs sociaux mènent, peuvent mener et doivent mener aux politiques publiques. Que les acteurs économiques et sociaux (plus connectés que jamais, plus présents que jamais au cœur de notre quotidien voire de notre intimité) doivent se regarder et s’assumer comme des acteurs politiques. Du plus puissant des groupes immobiliers jusqu’à la plus petite Start up en train d’être rêvée dans un bistrot de Paris ou d’ailleurs. Du plus petit acteur associatif de quartier jusqu’au plus puissant des mouvements sociaux. Les deux permettant de canaliser et de réguler le dynamisme voire les excès de l’autre.

FdV

* La filiale du constructeur immobilier va ouvrir deux nouveaux espaces à la rentrée 2016 (à Issy-les-Moulineaux et à La Défense).

RGCS immobilier

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