Depuis plus d’une dizaine d’année, le coworking se développe dans les grandes villes occidentales. La tentation était sans doute trop forte pour certains grands groupes immobiliers et certains acteurs de l’écosystème des tiers-lieux.
Pourquoi se quitter ? Pourquoi ne pas développer des lieux où non seulement on travaillerait ensemble, mais où il serait également possible de partager une vie commune (des « dortoirs pour adultes »)? De dormir, faire la fête, recevoir des amis ensemble ? Dans le respect bien sûr de certaines règles. Parmi quelques autres précurseurs, WeWork a ainsi développé une nouvelle offre sur San Francisco et Washington (« WeLive»). Une unité de temps et de lieu pour le travail, la vie privée et les loisirs dans le cadre d’immeubles réhabilités. Chacun dispose d’un studio. Le ménage et les courses sont totalement assurés par WeWork… La vie ensemble est animée par un community manager. Les indépendants, les entrepreneurs, les artistes, les professions libérale, peuvent désormais s’engager dans des communautés totales, avec une véritable « mission » (cf. « WeGeneration »).
A Syracuse (Etat de New York), le projet Commonspace est assez proche de celui de Wework : 21 studios indépendants de 27 mètres carré dans un loft avec de grandes parties communes. Les résidents sont recrutés en ligne et pourront utiliser des outils de réseaux sociaux pour communiquer (Slack et Facebook). Un « ingénieur social » a été recruté afin de favoriser l’harmonie entre les résidents (voir également la Pure House dont les prix sont très supérieurs).
Ces utopies sociales ne sont pas récentes. Loin de là. Vivre et travailler ensemble, dans un espace unique, selon un temps unique, avec un animateur (l’abbé, abba en grec qui signifie « père »), selon un principe isonomique (tout le monde est frères et/ou sœurs)… cela rappelle fortement les communautés monastiques qui ont émergé au Moyen Age.
Au passage, WeWork reste dans une tendance classique très forte de l’économie collaborative : pas question d’acheter les immeubles. L’investissement dans le capital matériel est rare. On reste dans la logique de plate-forme et d’intermédiaire de Airbnb.
Et si le vrai luxe aujourd’hui restait de pouvoir « aller » au travail (pas trop loin quand même). D’avoir un endroit et un temps senti comme le travail ? Un autre savouré comme la maison ? Des temps et des lieux intermédiaires, hybrides, liés à la mobilité et aux loisirs (des tiers-lieux ?). La crise économique, l’explosion des coûts de l’immobilier, l’extension des villes, la crise spatiale et temporelle de certains modes de gestion (« je ne veux plus travailler dans une grande tour à la Défense comme papa ») renforce sans doute ce type de mouvement.
En tous cas moi, ce grand mélange ne me fait pas rêver L
FdV